La fille du train

"La vie n'est pas un paragraphe et la mort n'est pas une parenthèse."

Présentation de l’Éditeur : Depuis la banlieue où elle habite, Rachel prend le train deux fois par jour pour aller à Londres. Le 8 h 04 le matin, le 17 h 56 l’après-midi. Chaque jour elle est assise à la même place et chaque jour elle observe, lors d’un arrêt, une jolie maison en contrebas de la voie ferrée. Cette maison, elle la connaît par cœur, elle a même donné un nom à ses occupants qu’elle voit derrière la vitre. Pour elle, ils sont Jason et Jess. Un couple qu’elle imagine parfait, heureux, comme Rachel a pu l’être par le passé avec son mari, avant qu’il ne la trompe, avant qu’il ne la quitte. Rien d’exceptionnel, non, juste un couple qui s’aime. Jusqu’à ce matin où Rachel voit un autre homme que Jason à la fenêtre. Que se passe-t-il ? Jess tromperait-elle son mari ? Rachel, bouleversée de voir ainsi son couple modèle risquer de se désintégrer comme le sien, décide d’en savoir plus sur Jess et Jason. Quelques jours plus tard, c’est avec stupeur qu’elle découvre la photo de Jess à la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu…

Auteur : Paula Hawkins

Genre : Thriller

Le livre commence ainsi :

"Cher lecteur,
Nous sommes tous des voyeurs. Les gens qui prennent le train tous les jours pour se rendre au travail sont les mêmes partout dans le monde : chaque matin et chaque soir, nous sommes installés sur notre siège, à lire le journal ou écouter de la musique ; nous observons d'un œil absent les mêmes rues, les mêmes maisons et, de temps à autre, nous apercevons un éclair de la vie d'un inconnu. Alors on se tord le cou pour mieux voir."

Mon avis : 

Il faut savoir que j'ai toujours eu beaucoup de mal avec les Thrillers / Policiers. Pas parce que je n'aime pas ça, mais parce que bien souvent je suis très déçue. Je trouve que parfois toutes les histoires se ressemblent, je ne trouve aucun intérêt au style de l'auteur, ou je sais au bout de cinquante pages quelle sera la fin, donc j'ai l'impression de perdre mon temps.
Alors voilà, La fille du train, j'avais très envie de le lire, mais j'en attendais beaucoup aussi. Et oh joie, enfin un Thriller qui ne m'a pas déçu !

L'ambiance est bien particulière, le schéma narratif également. La construction du récit oscille entre le présent avec l'héroïne, Rachel, (ainsi que ceux avec Anna) et les flash-backs concernant Megan.
L'histoire peu paraître un peu longue, mais justement, la façon dont elle est construite m'a totalement happée et je suis restée passionnée par le récit du début jusqu'à la fin.

Les personnalités complexes des différents personnages et ce qui leur arrive tout le long du livre m'a également énormément plu. Je ne me suis notamment totalement attachée à Rachel.
C'est pourtant une anti-héroïne à son paroxysme. Alcoolique, dépressive, au chômage, perdue. Elle harcèle son ex-mari et sa nouvelle femme, Anne.
Pourtant, dés le départ, ses failles m'ont touché, et j'ai même trouvé un écho à son mal-être. D'ailleurs, le style de l'auteure est puissant dans le sens où j'ai vraiment ressenti tout ce que Rachel était amenée à ressentir.
Le bonheur d'Anna et de Tom m'était autant insupportable que pour Rachel. Je les haïssais d'être aussi heureux alors que Rachel est malheureuse. Je les haïssais de lui avoir menti.

Je ne spoïlerais rien en ce qui concerne l'intrigue, et même si ce n'est pas la plus étonnante que j'ai pu lire ou voir, je dois dire que tout est bien amené, je me suis posée de multiples questions tout le long du récit. Je passais chaque personnage à la loupe, pour savoir qui était responsable, qui était innocent. Rien n'est simple, et j'ai été étonnée, vraiment.

Ce que je demande quand je lis un Thriller et un Policier, c'est d'être étonnée, et d'être essoufflée. C'est chose faite, donc c'est une réussite à mes yeux !
En plus, l'idée de base m'a plu. Le fait que nous soyons tous des spectateurs de la vie des autres est réel. On s'imagine que certaines ont une vie parfaite, et on les envie même, mais on ne sait jamais ce qu'il se passe réellement chez les gens.
Facebook est d'ailleurs une belle vitrine. On voit les photos de nos contacts, on envie certaines de leurs fêtes, de leurs voyages. Mais on ne nous montre pas tout.
La fille du train est un livre qui m'a passionné, et son héroïne me restera longtemps en mémoire.

Citations :

"Les gens sortent se promener, leur bonheur est si évident que c'est est presque agressif. C'est épuisant, et c'est à vous culpabiliser de ne pas vous y mettre, vous aussi."

"Soyons francs, encore aujourd'hui, la valeur d'une femme se mesure à deux choses : sa beauté ou son rôle de mère. Je ne suis pas belle, et je ne peux pas avoir d'enfant. Je ne vaux rien."

"Je ne crois pas aux âmes soeurs, mais il y a entre nous une compréhension comme je n'en ai jamais ressenti par le passé ou, en tout cas, pas depuis longtemps. Elle naît d'un vécu partagé, de deux personnes qui savent ce que c'est que de vivre brisé."

"Le vide : voilà bien une chose que je comprends. Je commence à croire qu'il n'y a rien à faire pour le réparer. C'est ce que m'ont appris mes séances de psy : les manques dans ma vie seront éternels. Il faut grandir autour d'eux, comme les racines d'un arbre autour d'un bloc de béton ; on se façonne malgré les creux."

"Être l'autre femme, c'est merveilleusement excitant, c'est indéniable : on est celle pour laquelle il ne peut s'empêcher de trahir son épouse, même s'il l'aime. On est une femme irrésistible - littéralement."

Note :

[17/20]

J'ai su ce qu'il se tramait une centaine de pages avant la fin, mais quand même, j'ai passé la majorité de ma lecture à me poser des questions. Conclusion : C'est un très bon thriller. Je me suis même sentie très proche de l'héroïne. Je connais ses failles.