mardi 10 mai 2016

Mère et fille, l'amour réconcilié

 "Dans ma tête, il y avait un contraste très douloureux entre mon extérieur séduisant et mon intérieur dévasté." 


Présentation de l’Éditeur : Comprendre les relations mère-fille pour s'épanouir dans sa vie d'adulte. Les relations entre une mère et sa fille sont souvent tumultueuses, complices mais aussi conflictuelles. Isabelle Yhuel a réuni ici plusieurs témoignages de femmes, ponctués d'une série d'entretiens avec un psychanalyste. Toutes révèlent comment leur existence, leurs rapports avec les hommes sont conditionnés par cette filiation première. Elles montrent aussi la nécessité, pour réussir sa vie d'adulte, de se défaire d'un lien trop passionnel avec sa mère. Un livre qui peut conduire mères et filles à vivre une relation sereine.

Auteur : Isabelle Yhuel

Genre : Psychologie

Le livre commence ainsi :

"Charlotte
58 ans, harpiste
"Maman, que tu es jolie lorsque tu ne te maquilles pas. Tu es plus gentille comme ça. Moi, je préfère cette maman-là."
Ma mère ne m'a rien répondu mais, imperturbable, elle a commencé à étaler cet épais rouge à lèvres que je détestais tant. Son geste marquait, couche après couche, ma défaite."

Mon avis : 

On m'a conseillé ce livre de témoignages pour m'aider à y voir clair. La personne qui me l'a confié, savait que certains passages allaient me toucher, et elle n'aurait jamais pu tomber mieux puisque j'ai passé mon temps à pleurer toutes les deux pages.
Il y a parfois des colères en nous, des rancœurs, des faiblesses. Nous avons parfois des réactions excessives, et on ne sait même pas d'où cela peut venir. Ce livre m'a éclairé.
Tout ce que nous sommes, toutes nos envies les plus inavouées, nos cauchemars les plus profonds, je les ai découvert et vécu ces dernières semaines.
Cela fait mal physiquement, de savoir finalement réellement qui on est, à l'intérieur.
Faire une chronique sur tout ce que j'ai pu ressentir en lisant ces pages serait beaucoup trop personnel pour l'écrire sur ce blog.
Tout ce que je peux dire, c'est que nous faisons tous ce que nous pouvons, avec les cartes qu'on nous a donné. Toutes nos envies viennent de quelque part, et c'est évidemment de notre enfance.
Tous nos échecs, toutes nos réussites, ce que nous sommes et ce que nous serons, est quasiment écrit bien avant que l'on devienne adulte.
Et d'ailleurs, en lisant ce livre, je me suis rendue compte que devenir adulte, ça ne s'acquiert pas d'un coup. C'est un long chemin. On reste parfois une petite fille, bien après avoir été mère à son tour.
D'ailleurs, devient-on un jour un vrai adulte ?
Je dédie ce livre à ma mère, qui est fière de moi, je le sais. Ce que j'aimerais un jour, c'est moi aussi, être fière de moi. 

Citations :

"Ce sont des choses à quoi les femmes pensent beaucoup, des années, et qui font le lit de leurs pensées quand les enfants sont petits : comment leur éviter le mal. Et cela, pour presque toujours n'aboutir à rien."
Marguerite Duras

"L'enjeu est de préserver le narcissisme de chacun. En effet, nous sommes tous construit à partir d'une blessure secrète et c'est elle qui nous permet de construire cette légende."

"Si la maternité est le Sacrifice même, être la fille c'est la Faute que rien ne pourra racheter."
Milan Kundera

"Ma mère est comme une boule de vie qui me berce, mais aussi contre laquelle je me cogne. Elle est terriblement généreuse, elle veut toujours tout faire à notre place ; c'est une façon de ne pas nous faire confiance et en même temps de nous aimer follement."

"À chaque fois que je vis seule, notre relation redevient plus simple, plus comblante. Paraître devant elle avec un homme, c'est affirmé la femme en moi."

"Je me sentais toujours coupable vis-à-vis d'elle, de tous les soucis que je lui occasionnais, de ce que je n'arrivais pas à être une fille plus conforme à ce qu'elle aurait souhaité, même si jamais elle ne me faisait l'ombre d'un reproche. Encore maintenant, en racontant cette histoire, je ressens une douleur au ventre, à l'utérus, Dans mon corps, de la peine que je lui ai infligée."

"Ma mère m'a trop aimée - mais peut-on faire un tel reproche ! -, et ma personnalité a eu du mal à s'affirmer. Pourtant, je ne lui en ai jamais voulu, au contraire, parce que moi aussi j'avais une passion pour elle. J'ai eu du mal à trouver ma place, à devenir adulte, à me détacher d'elle - mais le voulais-je vraiment ?"

"Mon bonheur actuel annule cette souffrance, ou plutôt me permet de l'accepter."

"J'éprouve des sentiments très violent en moi, et maintenant je les accepte, je me dis que c'est ça la vie, la profondeur et la brutalité des sentiments, pas le calme, pas l'épure."

"Comment vivrai-je quand plus personne ne me dira "ma fille" ?"

"L'adolescence, les deux crépuscules mêlés, le commencement d'une femme dans la fin d'un enfant"
Victor Hugo

"Je connaissais son enfance et elle avait vécu des événements tellement atroces que je sentais qu'elle n'était pas responsable de tous ses choix ; Il y avait comme une prolongation instinctive du sordide dans sa vie d'adulte."

"C'est une forme de respect de la vie aussi de prendre son temps."

"Mes traits physiques, mes talents, mes qualités, mes défauts rendent compte de mes ancêtres, ce qui ne m'empêche évidemment pas d'être unique et de faire les choix de vie qui me conviennent à moi. Comme je ne me sens pas prisonnière du passé, je peux y puiser tranquillement pour le bien-être de ma vie."

"Qu'est-ce qu'être adulte ? Est adulte celle ou celui qui a cessé de prier, de revendiquer, de se plaindre. Quand on est dans le reproche, c'est qu'on imagine quelqu'un se tenant en un lieu, capable de recevoir le message adressé. 
[...] 
Une femme adulte abandonne le reproche, défaisant le lieu auquel elle adressait sa plainte, véritable place inscrite pour la mère.
Etre adulte est donc se couper de ce lieu qu'on imagine sans cesse, où le regard de la mère semble planter sur soi. Et, dés lors, la mère peut devenir l'objet d'un respect, sans que s'exerce une revendication sous une forme ou sous une autre. La fille est alors coupée de sa mère parce que devenue adulte."

"Ma mère m'a envoyée dans la vie faire le voyage qu'elle n'avait pas pu faire, mais on ne peut jamais faire le voyage de l'autre. C'est quand je l'ai compris, quand je me suis libérée de ce devoir, que j'ai pu tranquillement accepter ce que nous avions été l'une à l'autre."

"L'espace de la famille n'est pas le lieu où ne circuleraient que les mots d'amour, il est aussi le lieu des mots ambigus, où rage et haine se côtoient." 

Note :

16/20


Avant ce livre, je n'avais jamais pleuré en lisant. C'est aujourd'hui chose faite. Témoignages de mères, de filles, de mères restées filles, de filles voulant devenir femmes.
Moi, je sais où je me situe, et j'espère trouver ma voie. Ce livre m'a été prêté car il était censé créer une réaction en chaîne chez moi. Le voyage commence...



2 commentaires:

  1. Ta chronique est touchante et je te souhaite un beau voyage copinette <3

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