vendredi 13 mai 2016

Le harcèlement scolaire



D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été une victime.
Victime, un mot très fort me direz-vous. Tout comme Harcèlement.
Harcèlement moral, harcèlement scolaire, victime. Des mots que je n’utilise que depuis très peu de temps, au final.
Auparavant, je n’utilisais pas de mots pour ce que je ressentais. C’était ma vie, mon quotidien, ma normalité.

Je suis la petite dernière d’une grande famille recomposée. J’ai été élevée avec mes trois grands frères. Dont deux jumeaux qui ont vu mon arrivée dans la famille comme un fardeau. Ils se suffisaient bien à eux deux. Les jumeaux ont cette relation très spéciale qui fait qu’ils ne se sentent jamais vraiment seuls. Je comprends aujourd’hui seulement, à 28 ans, qu’être la petite sœur de jumeaux n’a pas dû être simple pour moi.
J’étais une petite fille très demandeuse d’attention et de câlins.  J’étais très collante avec ma mère notamment. Je recherchais sans cesse ce « jumeau » que je n’avais pas. N’ayant pas d’attention de ces vrais jumeaux dont je jalousais la relation, j’étais sans arrêt en train de les embêter. Nous avons eu une relation conflictuelle toute notre enfance et adolescence. Nous ne sommes malheureusement pas très proches. Ils voient encore en moi cette petite sœur qui leur a un peu volé leur mère, et qui n’a fait qu’être un poids pour eux.
De mon côté, mes frères, ce sont ceux qui ne m’ont pas protégés, qui ne se sont pas occupés de moi, qui n’ont fait que me rejeter.
J’ai donc été très vite habituée à jouer seule, à me suffire à moi-même. Je recevais beaucoup d’amour de la part de ma mère, mais je me souviens surtout de ma solitude. Et d’ailleurs, j’aimais beaucoup jouer seule. Je lisais énormément, et j’inventais des histoires avec mes poupées et mes peluches. C’était un havre de paix que je m’étais créée.
Donc, à la maison, j’étais la petite dernière qui prenait beaucoup de place et qui parlait beaucoup pour ne rien dire.
A l’école, c’était tout autre chose.
Les maîtresses disaient souvent à ma mère que j’étais souvent dans la lune. Je ne parlais quasiment pas. J’avais peu d’amis, voir pas du tout.
Je ne sais pas comment cela a débuté. Pourquoi ce harcèlement a commencé. Pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’avais fait de mal pour qu’on me rejette ?
Aujourd’hui encore, je n’ai pas vraiment de réponses.
Certains souvenirs de ma vie à l’école primaire s’estompent, d’autres resteront gravés en moi, et ne me quitteront certainement jamais.
N’ayant pas d’amis, je passais toutes mes récréations à marcher, à faire le tour de la Cour. Seule.
Aujourd’hui, quand j’y pense, je me dis que si j’étais une maîtresse d’école, et que je voyais chaque jour la même élève être seule pendant la récréation, j’aurai une réaction. N’importe laquelle !
Alors voilà, je marchais, et j’imaginais des histoires dans ma tête. J’étais une princesse, une héroïne, une guerrière. Je vivais de folles aventures. Je m’évadais. J’étais n’importe qui. Je n’étais surtout pas cette petite fille, grelottant de froid et marchant dans la Cour, seule, jour après jour.
A l’école, j’étais plutôt bonne élève. Mon père était fier de sa fille.
J’avais une amie en dehors de l’école, que je voyais régulièrement.
Dans ma famille, je n’étais pas proche de mes frères, mais j’avais des petits neveux et nièces, plus jeunes que moi, avec qui je m’entendais énormément bien. C’est avec eux que j’ai mes plus beaux souvenirs d’enfance.

C’est arrivé en CM1-CM2 que certains souvenirs les plus violents me sont les plus clairs.
On m’a fait changer d’école.
Il faut savoir qu’à changement d’établissement, il y a un espoir. Cet espoir de changement. « Peut-être vais-je me faire enfin des amis cette fois-ci ? Peut-être que je vais être moins seule ? »
Je n’aime pas l’espoir. L’espoir amène forcément à la déception. Et c’est la déception qui est la plus insupportable à subir.
Donc me voici en CM1-CM2, dans cette nouvelle école.
Je ne suis pas belle. J’ai de grosses lunettes. Je suis très blanche de peau et très maigre. (et quand je regarde les photos de l’époque, je me dis que ma mère m’habillait de façon à ce que, vraiment, je sois victime de moqueries. Mais ça, ce n’était pas de sa faute. Et je crois que même habillée d’une autre façon, j’aurai été moquée pareil. Je pense.)
Il faut bien se rendre compte d’une chose. Etre seule n’est pas le problème. Le problème c’est se sentir seule entourée de plein de monde.
Etre seule quand on a décidé de l’être, c’est reposant. Etre seule dans la Cour en observant les autres s’amuser tous ensemble, c’est triste.
Etre seule quand on doit trouver une place à la cantine pour manger, c’est pire que tout.
Je ne mangeais presque rien à cette époque, si j’avais pu éviter d’aller à la cantine, je l’aurai fais.


Comment voulez-vous éprouver du plaisir à manger, quand tout le monde discute et ris autour de vous, vous qui êtes seule à devoir décider à quelle table remplie vous allez devoir vous greffer ?
La Honte. La Honte ne me quittait pas. La Honte ne me quittera jamais.
Le problème, c’est qu’en plus d’être seule, j’ai commencé à subir ce « harcèlement scolaire » dont parle EnjoyPheonix. Ce harcèlement scolaire qui ne m’a plus jamais quitté tout le long de ma scolarité.
On se moquait de mes lunettes, de la blancheur de ma peau, de mon rire, de mes chaussettes, de tout et de n’importe quoi, de moi tout simplement.
Je n’ai pas de scènes plus fortes qu’une autre dont je me souvienne. J’étais dans une classe avec beaucoup de garçons. Ces garçons avaient décidé que je serais leur tête de turc. Et je le resterais.
Quand je vous parle d’espoir et de déception. C’est par exemple quand deux petites filles de ton âge décident de commencer à te parler, et puis décident tout à coup que non, finalement, tu n’es pas assez bien pour elles. Alors, elles te laissent seule à nouveau.
Pas assez bien. Pas assez bien.
Chez moi, dans ma famille, je ne dis rien. Je parle toujours beaucoup. Mais je ne dis rien de tout cela.
On n’est pas conscient de la gravité de ce qui nous arrive quand on est enfant. On le vit, point. On ne se rend pas compte qu’il faudrait le dire.
A 9 ans, j’ai fais une fugue.
Mes parents n’ont pas compris, mes frères ont accueillis mon retour à la maison en me lançant un regard noir et en me disant à quel point j’avais dû trouver ça drôle. Mes frères n’ont jamais eu les réactions que j’aurai eu envie qu’ils aient avec moi. J’aurai préféré qu’ils s’inquiètent, qu’ils me prennent dans leurs bras.
Durant cette fugue, tout ce à quoi j’ai pensé, c’est que je n’irai certainement plus à l’école.
J’ai une ou deux amies qui sont dans la même école que moi, mais pas dans la même classe.
Et d’ailleurs, ces deux amies dont je parle, nous avons également une relation bien spéciale. J’ai également souvent le rôle de faire-valoir, voir même de victime.
Je me demande d’ailleurs pourquoi nous ne jouions pas ensemble dans la cour de récréation. Certains souvenirs s’estompent…

Donc, le midi, parfois, j’ai la « chance » de ne pas déjeuner à la cantine avec les autres élèves, mais chez les mamans de mes deux amies.
J’ai un problème avec la nourriture. Et j’en prends conscience à cette période.
Je n’arrive jamais à finir une assiette, et la mère de l’une de mes amies me force toujours.
Aujourd’hui, quand j’y pense, j’en ai la nausée.
Mes « amies » tenaient un carnet dans lequel elles notaient quand j’avais eu le courage de manger.
« Aujourd’hui, C. a mangé deux grains de riz. »
Elles rient. Elles n’ont pas conscience du mal qu’elles me font. Mais cette fois-ci, moi, je ne ris pas. Je pleure, je pleure énormément. On doit retourner à l’école. Elles descendent pour monter dans la voiture. Mais moi je reste dans cette chambre, avec ce carnet qui me prouve à quel point, encore, je suis différente, à quel point j’embête le monde. J’aimerais disparaître.
Je n’ai pas envie d’aller à l’école.
Un autre souvenir, un autre repas. Cette maman, qui a fait de mes repas hors cantines un enfer, nous propose exceptionnellement comme dessert des cornets de glace.
Quel bonheur ! J’adore la glace !
Dans mon malheur, je me rends compte en déchirant le papier, qu’il y a de petites arachides sur le dessus. Je n’aime pas ça. Je me souviens même avoir eu la langue qui me piquait quand j’en avais mangé une fois auparavant.
L’autre maman n’en a rien à faire, elle me dispute. Elle ne supporte pas le gâchis.
Alors pour avoir la paix, je mange. Je mange. Je mange.
La nausée arrive, j’ai des sueurs froides.
Je retourne à l’école nauséeuse. Je dois quitter la classe en urgence pour vomir tout mon repas.
Nous avons découvert que j’étais allergique aux arachides.
Je ne pardonnerais jamais à cette maman de m’avoir obligé à manger cette glace.

L’arrivée au collège a été une autre étape dans ce harcèlement scolaire, dans ma solitude, dans ma souffrance.
Je m’éloigne de « mes amies ». Les garçons qui se moquaient de moi à l’école sont dans le même collège et continuent leur harcèlement.
L’établissement est plus grand. Je suis dans une nouvelle classe. J’ai bon espoir.
Je me fais quelques copines, je joue aux cartes le midi dans un genre de « foyer ». La vie est un peu moins compliquée.
Et puis je fais la connaissance des filles « à la mode ». Celles à qui on voudrait ressembler. Celles avec qui on aimerait devenir amie.
Oh joie, elles me remarquent et me font rentrer dans « leur groupe ».


Quel bonheur, quelle surprise. La roue a peut-être tournée ! Je prends un peu confiance en moi. Je n’entends plus les moqueries. Je me lance à cœur perdu dans cette nouvelle amitié.
Avec le recul, je me dis que j’aurai du voir venir le piège. Mais faire l’autruche, c’est devenu ma spécialité, encore aujourd’hui.
Un midi, ces « amies » me demandent d’apporter tous les manteaux du groupe dans la classe. Et des manteaux, il y en a beaucoup. C’est un gros groupe d’amis, dont je suis fière de faire partie.
Trop heureuse de leur rendre ce service, je m’exécute.
Je trouve porte close, évidemment, les classes sont fermées entre midi et deux, pourquoi n’y ai-je pas pensé ?
Alors je reviens pour rendre les manteaux.
« Tu es vraiment stupide. Tu n’as toujours pas compris ? On se fiche de toi depuis des semaines ! Tu crois vraiment qu’on est tes copines ? »
Je rigole. C’est sans doute une plaisanterie.
J’ai des sueurs froides, je rougis. Je sens quelque chose qui remonte le long de mon corps. Un monstre tapis dans mon dos.
«  C’est pas une blague. Dégage. »
Ce n’était pas une blague. Mon univers s’écroule.
Quand on est adulte, on se dit que des embrouilles entre fillettes de cet âge-là, ce n’est pas grave. Ça arrive. Et puis, la gamine se fera d’autres amis. La vie continue.
L’adulte ne comprend pas. Il ne comprend pas qu’à partir de cet instant-là, je passe à nouveau toutes mes récrés seule, à subir les moqueries des autres. Je suis seule en classe.
Seule avec ma honte. Honteuse d’être ce que je suis, honteuse d’avoir cru être leur amie, honteuse de tout.
J’ai cette image de moi, sous un arbre, sous la pluie. Ils n’ouvrent pas les classes à la pause de midi. Même quand il pleut. Il y a les préaux, me direz-vous. Mais sous les préaux, il y  a tous les autres, les ennemis, ceux qui se moquent.
Alors je préfère rester sous la pluie, sous mon arbre, pendant une heure. A grelotter et à penser à autre chose.
Encore aujourd’hui, je ne supporte pas la pluie.


Après les moqueries, viennent même les actes physiques.
Je me souviens encore de cette fois, où cette élève que je ne connaissais que de vue, à voulu épater la galerie en me donnant un énorme coup de pied entre les jambes.
Elle a fait ça devant tout le monde. Tout le monde a rigolé.
J’ai rigolé.
Aujourd’hui encore je m’en veux. Pourquoi ai-je rigolé ? Pourquoi ne lui ai-je pas rendu son coup ? Pourquoi ne me suis-je jamais défendue ?
J’ai reçu ce coup de pied, et j’ai eu mal, très mal. Mais j’ai rigolé avec tout le monde. Surtout ne pas se faire remarquer. Surtout rester dans les rangs.
J’aimerais disparaître, à jamais.

Je ne pleure pas. Je ne dis rien à mes parents. Ni à mes frères. A personne. Je suis seule avec ma souffrance. Avec ma honte.

A la fin de ma 5ème, mon père part en retraite, et décide de déménager dans le sud de la France.
Je me vois séparée de mes neveux et nièces avec qui j’avais une belle relation. Je me vois obligée de dire adieu à mes deux amies les plus chères que je vois en dehors du collège et qui atténuent un peu l’enfer que je vis au quotidien.
Une partie de moi vit très mal ce déménagement. Une autre, ne peut s’empêcher d’avoir de l’espoir.
Et oui, ce bon ami l’espoir. Comme la honte, il ne m’a jamais réellement quitté.
Je m’imagine une toute autre vie. Un groupe d’amis supers. Un collège où personne ne me connait, où personne ne sait quelle personne sale et faible je peux être.
Cette nouvelle vie va m’apporter enfin ce bonheur auquel j’aspire, j’en suis sûre.

J’arrive dans le sud durant les vacances d’été, en pleine canicule. La première nuit, je la passe sur le carrelage frais tellement j’ai chaud. Je me prends à espérer qu’il ne pleuvra plus jamais.
Dans mon cœur, la pluie n’a jamais cessé.

J’aimerais vous dire que mes rêves se sont réalisés. Mais quand on est une victime, quand on le croit sincèrement, on le reste. C’est écrit sur nous à l’encre indélébile.
J’étais une assez bonne élève, en 4ème mes notes ont commencé à chuter.
J’ai vécu à peu près les mêmes choses qu’auparavant. J’ai eu des déceptions. J’ai rencontré un groupe de filles « à la mode » qui m’ont finalement laissé tomber. Mais je n’étais plus seule durant les récrés. J’avais quelques copines.
La vie n’était pas simple, je subissais encore des moqueries, mais j’étais en quelques sortes habituée.
J’ai rencontré durant cette période une amie qui l’est encore aujourd’hui. Une amie qui, comme moi, subissait des moqueries. Je n’étais plus seule. Nous étions deux pour supporter ce fardeau.
Je me fichais bien de ce que les autres pensaient, j’avais mon amie avec moi. J’avais trouvé mon alter égo.
Malheureusement, le harcèlement créé des séquelles. Quand on pense que le plus dur est derrière nous, notre corps et notre esprit ont des réactions qui parfois nous effraient. On ne sait pas d’où cela vient. On se questionne. On ne pense pas au harcèlement, on ne pense pas aux moqueries. C’est notre lot quotidien.

Dans ma famille, rien ne va plus. Mes frères sont partis faire leurs études supérieures, et moi je reste seule avec mes parents qui ne s’entendent plus. Les cris sont insupportables. La colère gronde.

A 16 ans, mes parents décident de se séparer. Je pars vivre avec ma mère dans une grande ville, abandonnant mon père dans sa belle maison du sud, avec sa piscine, son jardin et ses vignes.
L’espoir revient encore. Je me dis encore une fois que dans ce nouvel établissement, personne ne me connait. Je me trouve un peu plus jolie qu’avant. Je me mets à espérer la rencontre avec un garçon.
Je ne suis jamais sortie avec personne. J’ai bien eu quelques amourettes. Mais jamais de vrais baisers, jamais de gestes tendres avec un garçon.
Je m’espère à nouveau un groupe d’amis solide, une belle rencontre. Une vie parfaite de petite citadine.
J’arrive dans ce nouveau lycée, et encore une fois on m’intègre à un groupe de filles « à la mode ».
C’est quoi des filles à la mode pour moi ? Ce sont des filles dont personne ne se moquent. Qui ont des petits copains. Qui sont sûres d’elles. Ce sont des filles à qui j’aurai voulu ressembler.
Un week-end, je vais au cinéma avec elles. Toute heureuse de cette nouvelle vie, je n’aurai jamais pu imaginer la bombe qui s’apprête à s’écraser sur moi.
Après la séance, nous discutons. Ou plutôt, elles discutent entre elles. Personne ne fait attention à moi, on ne me regarde même pas. Je pourrais être ailleurs que ce serait la même chose.
Une angoisse sourde monte en moi, j’ai déjà vécu ça, je le sais, mais je fais l’autruche, je fais taire cette petite voix. Je fais « comme si de rien n’était ».
Quand je retourne en cours le lundi suivant, je vais pour faire la bise à ses filles, et en rigolant, elles se détournent.
Les sueurs froides reviennent, les rougeurs à mes joues, cette bête remonte le long de mon dos. Je le sens, quelque chose est en train de se détraquer en moi.
« Pour être amie avec nous, il va falloir que tu changes. On ne veut pas de quelqu’un comme toi. Reviens-nous voir quand tu auras réfléchis à tout ça ».
Aujourd’hui, quand j’y pense, je me demande encore pour une fois pourquoi je n’ai rien dis. Pourquoi j’ai laissé cette fille me parler avec autant de mépris ?
Mais non, je n’ai rien répondu. Je suis restée immobile. Mon monde venait de s’écrouler.
Auparavant, je n’avais jamais craqué, j’avais toujours pris sur moi pour tout. Je n’avais jamais eu de réaction violente. Je ne voulais surtout pas montrer à qui que ce soit comment cela pouvait m’affecter.
Cette fois-ci, une tempête s’est déchaînée en moi. J’ai demandé à quelqu’un de m’emmener à l’infirmerie. Et j’ai craqué.
Mon corps, mon esprit, je ne contrôlais plus rien.
J’ai pleuré comme je n’avais jamais pleuré auparavant. Je ne pouvais pas parler. Je n’ai fais que pleurer.
Je ne me souviens pas de ce que j’ai raconté à ma mère en rentrant chez moi ce jour-là. Tout ce que je sais, c’est que cette fille a été la goutte d’eau. Ma vie n’allait plus jamais être la même à partir de ce jour.
J’étais une victime endormie. Je me suis réveillée.


Les crises d’angoisse ont commencé. Les décrire avec précision est très compliqué, car aujourd’hui, fort heureusement je n’en fais plus.
Dans ces moments-là, j’avais l’impression que j’allais mourir. J’en étais sûre. Un gouffre noir s’emparait de mon corps, toute logique me désertait. J’allais mourir.
Tout devint source d’angoisse pour moi, et j’en avais désormais conscience.
Marcher dans la rue devint compliqué. Je sentais tous les regards sur moi. Je me sentais jugée, laide, nue. L’impression que tout le monde me voyait comme le monstre que j’étais.
Aller en cours devint un véritable enfer. Je faisais souvent l’école buissonnière. Je passais mes journées dans les magasins. Je connaissais par cœur le centre commercial à côté de chez moi.
J’étais angoissée à l’idée de sortir de chez moi et de marcher dans la rue, mais l’idée d’aller en cours et de revoir ces filles était pire que tout le reste additionné.
Mes résultats scolaires ont évidemment chuté. J’étais incapable de me concentrer sur quoi que ce soit. Tout ce que je faisais, c’était survivre. Tenter de garder la tête au-dessus de l’eau.
Manger devint également encore plus angoissant pour moi. Toute nourriture devint sujet à suspicion et crise d’angoisse.
Mon corps me faisait horreur. Je me faisais horreur. J’étais un monstre.
Je n’étais pas assez bien pour les autres, et je me demandais encore pourquoi.

Le divorce de mes parents n’a pas été facile à vivre. Mon père criait beaucoup, ma mère ne se défendait pas assez.
La colère vit le jour chez moi. Je n’avais jamais réagi pendant des années à tout ce harcèlement et cette violence physique et morale. Il fallait désormais que cela sorte.
Je me disputais souvent avec mes frères. Ils m’insupportaient. Tout ce qu’ils faisaient ou ne faisaient pas était sujet à dispute.
Mon père me faisait vivre également un enfer. Il souffrait d’avoir été abandonné par ma mère, alors il nous le faisait payer à nous, ses enfants. Je n’avais pas les armes pour me défendre.
C’est donc sur ma mère que se portait alors ma colère.
Ma douce et tendre mère, cette personne que je chérie le plus au monde. Nous vivions toutes seules, l’une sur l’autre, et notre relation s’est forgée en quelque chose d’encore plus intense durant cette période.
Elle fut présente pour moi, elle ne me força pas à aller en cours, elle m’épaula.
Et moi, j’allais vers elle pour le réconfort, pour parler, mais aussi pour crier. Elle a été la personne sur qui toute ma colère et ma rancœur a réellement éclatée. Elle se laissait faire, elle savait que ce n’était pas contre elle.

Cette colère que je ressentais contre tout le monde, je sais aujourd’hui qu’elle était surtout envers moi-même.
J’ai laissé les autres me traiter de la sorte parce que c’était ce que j’étais, c’est ce que je suis. Je suis une victime.

En plus des crises d’angoisse, il y avait les allergies, des plaques sur tout le corps. Mon corps me dégoutait, me grattait, m’insupportait. Je me dégoutais.
Je commençais alors à écrire. Des histoires que je commençais sans jamais les terminer.
Notamment une histoire qui, je ne le comprendrais que plus tard, fut le reflet d’un mal encore plus grand et encore plus dévastateur. Un choc que j’avais vécu dans ma petite enfance, et qui allait façonner ma vie à jamais.

Pour passer le bac de français, ma mère a fait venir mon amie, ma sœur de cœur, chez nous. C’est elle qui m’a emmené passer l’examen. Elle m’a attendu juste à côté de la porte de la salle. Elle avait peur que je ne m’enfuis.
Avec elle, j’ai eu moins de mal à revoir mes camarades de classe. Je sais qu’ils me regardaient comme une paria, mais je n’étais pas seule, j’étais avec cette personne de confiance, et c’est tout ce qui comptait.

Quand on subit le harcèlement scolaire, quand on est assis dans une salle de classe. On a l’impression qu’on est constamment observé. Dès que des personnes parlent entre elles et qu’on n’entend pas ce qu’elles disent distinctement, on a toujours l’impression qu’elles sont en train de parler de nous et de se moquer.
Ça ne vient pas de nulle part. C’est pour toutes les fois où on surprend des conversations où on parle de nous avec dégoût et méchanceté. Je ne sais pas ce qui est pire, entendre les moqueries, ou les deviner.
On a chaud, on a froid, on est mal à l’aise.
Quand j’y pense maintenant, je me rends compte de la torture que cela a dû être.
Imaginez, passer des jours et des jours, des années, assis dans une salle remplie d’ennemis, sur une chaise. A tenter de respirer normalement, à tenter de faire comme si de rien n’était. A avoir envie de disparaître. Et c’est ce que j’ai vécu toute ma scolarité.
Je me rends compte aujourd’hui de tout le courage, et toute la force qu’il m’a fallu pour supporter cela.
Je m’en veux de ne pas avoir réagis, je m’en veux de les avoir laissé me parler comme ça. Je m’en veux de ne pas avoir rendu les coups.
Je m’en veux de n’avoir rien dis.

La culpabilité, la honte et l’espoir ne sont jamais loin. Encore à 28 ans.

On m’a enlevé mes crises d’angoisses quand j’avais 25 ans. C’est un hypnotiseur qui a réussi. J’avais vu avant lui pas mal de psychologues.
J’ai eu du mal à passer mon permis. J’ai mis 10 ans à l’avoir. Je ne supportais pas d’être enfermée dans une pièce bondée avec d’autres personnes pour étudier le code. Je ne supportais pas les cours de conduite où j’étais sans cesse jugée par un examinateur.
N’importe quel examen me fiche la trouille. Je ne supporte plus aucun jugement de qui que ce soit.
J’ai échoué six fois à l’examen du permis.
Avoir quelqu’un qui m’observe me fait perdre tous mes moyens. Cela me renvoie à la petite fille que j’étais : Monstrueuse et « pas assez bien ».

J’ai rencontré des hommes, évidemment. Mais quand on est une victime, on l’est aussi en amour.
Je suis souvent tombée sur des pervers narcissiques. Ils créent un climat de confiance, ils sont ces espèces de sauveurs qui vont régler tous vos problèmes. Une fois qu’ils vous ont pris dans leurs filets, que vous êtes totalement subjuguées, commence alors la maltraitance.
Quand on est une victime, les autres le savent, le sentent.
Je dirais même plus, quand on est une victime, on a du mal à faire confiance aux bonnes personnes. On a tendance à ne s’ouvrir qu’aux gens sûrs d’eux. On est attiré par ces personnes qui ont tout ce que nous n’avons pas. Qui sont tout ce que nous ne sommes pas.
J’ai 28 ans, je suis célibataire, ma vie est loin d’être celle que j’ai rêvé durant toute mon enfance et adolescence.
Je suis adulte, et pourtant, à certains moments, je suis à nouveau cette petite fille qui aurait envie de disparaître.
Parfois, je suis à nouveau cette petite fille qui se demande pourquoi elle souffre autant, qui se demande qu’est-ce qu’elle a bien pu faire pour subir tout ça.

Je suis cette petite fille qui a juste envie qu’on l’aime.


Je n'ai pas écris cette chronique pour me plaindre, ou pour qu'on ressente de l'empathie pour moi. Je l'ai écris parce que cette nuit je me suis réveillée à 4h du matin, avec à nouveau ce sentiment de culpabilité que je ressens pour tout et n'importe quoi. Et du coup, j'avais besoin d'évacuer tout ça. Par écrit.

Le harcèlement scolaire, on en parle de plus en plus ces derniers temps, et je trouve cela formidable. J'espère que, pour l'avenir, cela évitera à certaines personnes de subir ce que moi et d'autres nous avons subis, et que cela leur évitera également toutes les répercussions dans leur vie d'adulte.

A tous ceux qui ont vécu le harcèlement, je leur transmet toute ma sympathie et mon amour. Sachez que vous êtes merveilleux, que vous êtes dignes d'amour, et je vous conjure de vous aimer vous. Personne d'autre que vous-mêmes ne pourra mieux vous aimer.

A tous ceux qui ont fais subir ou font subir ce genre de harcèlement, je vous conjure d'arrêter, je vous conjure de comprendre que vos actes ne restent pas sans conséquence. On est pas obligé d'aimer tout le monde, mais on peut au moins faire quelque chose : Laisser les autres en paix !

A ma mère que j'aime plus que tout et qui a su me soutenir quand il le fallait.

A mes amies qui sont encore là, malgré mon caractère bien particulier et mes envies d’être seule. Sachez que je vous aime et que cet amour durera toute la vie, peu importe l'avenir.


15 commentaires:

  1. Wahou, ton article est bouleversant. Je dois dire que je ne sais pas quoi dire de plus, à part que je te trouve courageuse...

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    1. Je te remercie chaleureusement. Ca n'a pas été simple, et ma journée est un peu bizarre, j'ai un peu la nausée, une petite boule dans le ventre. Mais je pense qu'il fallait que cela sorte ^^
      Merci merci <3

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  2. Ton témoignage a dû te demander de la force, celle que tu as réussi à trouver malgré le harcèlement dont tu as été victime. Il peut aussi aider d'autres personnes (qui ont vécu ou qui vivent la même chose, ou qui agissent en bourreaux) à prendre conscience que ce n'est pas supportable. Ton texte, en plus d'être bouleversant, est donc aussi utile, bravo !

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    1. Je trouve cela vraiment formidable qu'on en parle de plus en plus. C'est quelque chose de grave qui laisse des séquelles, et je crois qu'il faut sincèrement aider et protéger ces personnes qui en souffrent. Il faut aussî parler à ceux qui harcèlent car, bien souvent, ils ne s'en rendent pas compte. On appellé cela l'effet de masse, faire comme les autres pour ne pas être différent. D'ailleurs, une victime peut devenir bourreau et vice Versa,
      Mille fois merci à toi :)

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  3. Ton témoignage est poignant. J'ai la gorge serrée en lisant. Tu as bien fait de l'écrire et de partager ce que tu as vécu.

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    1. Merci Lili <3 je crois bien que c'est le texte le plus long que j'ai écris sur ce sujet. D'ailleurs, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas écris comme ca.
      J'espère souvent que cela me fera du bien, limite que cela effacera tout ca. Mais rien ne s'efface, il faut juste vivre avec. Et c'est là que c'est compliqué.
      Merci ^^

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  4. Coucou copinette, c'est un billet bien touchant que tu partages aujourd'hui avec nous et je te félicite d'avoir eu le courage et la force d'écrire tout ça.
    On dit que les enfants sont cruels entre eux mais on n'imagine rarement à quel point c'est vrai.
    Personnellement, je n'ai jamais vécu tout ce par quoi tu as du passer. Je n'étais pas une fille à la mode non plus, et on se moquait aussi de moi parce que j'étais la "petite grosse" et plein de jolis noms comme ça mais je m'étais créé une carapace encore plus grosse et j'ai eu la chance d'être bien entourée.
    Je ne crois pas avoir connu ce genre de comportement vraiment extrême dans mon entourage et pourtant, ça existe... Et je suis à la fois triste, mais heureuse que tu t'en sois sortie.
    Je ne te connais que depuis peu, et pas personnellement, mais ce que je connais de toi m'emmène à penser que tu es une jeune femme formidable! Je pense que si nous n'habitions pas aussi loin, on passerait un peu de temps ensemble car je me retrouve quand même dans certains aspects de ton témoignage (vie de famille très compliquée par exemple).
    Ton témoignage me fait aussi penser à la chanson et au clip d'Indochine, College Boy, qui est un bel exemple de cette violence scolaire sur laquelle tout le monde ferme les yeux. Pas pour rien que leur clip a fait scandale...
    Bref... Je te fais de gros bisous et sache que si un jour tu as besoin de parler, de te confier sur quoi que ce soit, tu peux m'écrire!
    Bisous copinette <3

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    1. Ma chère copinette. Parfois, quand tout va bien dans ma vie, je me dis que je "m'en suis sortie". Et puis, à chaque échec, à chaque coup dur, cela revient. Comme ce matin. Cela faisait longtemps que je n'y avais pas pensé. Ça reste en moi, mais heureusement je n'y pense pas tous les jours !
      Du coup, j'ai été voir le clip dont tu m'as parlé, et il a réussi à me faire pleurer (de toutes façons, je n'arrête pas depuis ce matin Ahah). C'est un beau clip, très intéressant car tous les acteurs depu harcèlement y sont présents. Meme les bourreaux qui sont juste des moutons qui suivent le troupeau et qui n'ont pas vraiment envie de faire du mal.
      cette image de ce gamin, les yeux bandés, qui pleure, cela me reste en mémoire.
      J'ai acquis avec la maturité une espèce d'apaisement envers ces personnes. Je ne leur en veux plus vraiment. Il y en a même certains pour qui je ressens de la sympathie.
      Le plus dur, c'est le regard qu'on porte sur nous-meme. Quand on ne voit plus ses bourreaux, celui qui reste, c'est nous.
      Merci pour ton commentaire si gentil. Je pense aussî que nous aurions plaisir à nous rencontrer et à discuter <3
      Gros bisous !

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  5. Je découvre ton blog de manière singulière, le début de ton texte ressemble à ce que j’ai vécu mais je me défendais et j’ai appris à « apprécier » la solitude, à me méfier des gens pour me protéger, et du coup je n’ai pas vraiment vécu l’enfer comme toi même si ça reste difficile. J’ai aussi connu ces tentatives de moquerie de meufs populaires qui allaient vers moi gentiment en me disant que j’étais pas si mal, qu’elles allaient m’aider à sortir avec un mec ou autre. Je les rejetais. On n’a pas vraiment confiance en soi quand on se dit qu’on n’est pas intéressant pour les autres, qu’on est trop moche (grosse lunette, blanche, maigre, je connais avec les boutons en prime au collège). Contrairement à toi, j’ai oublié pas mal de choses et je trouve que tu as eu beaucoup de courage d’écrire ce texte.

    J’ai trouvé ton texte poignant avec pas mal de vérités « quand on est une victime, quand on le croit sincèrement, on le reste. » et très bien écrit je trouve. Il fait écho à ce que j’aurais pu vivre si je ne m’étais pas protégé d’emblée. Je me suis convaincue d’autre chose : les autres n’étaient finalement pas assez biens pour moi. C’est prétentieux, mais ça aide. Je m’en suis parfois voulu car je rejetais des gens et après je me disais « je les juge, ils sont peut-être sympas malgré leurs apparences superficiels », je m’en voulais d’être misanthrope, mais cette carapace m’a bien aidé.

    Aujourd’hui, ce n’est pas fini, j’ai du mal à aller vers de nouvelles personnes et à me dire que mon profil peut intéresser pour des entretiens d’embauche même si j’ai tout pour moi en dehors de mon côté réservé. Je me dis parfois que je ne vais jamais y arriver mais j’ai réussi à trouver un équilibre dans ma vie perso, c’est déjà un pas énorme. Je te souhaite au moins de trouver cet équilibre, de t’éloigner des mecs toxiques (j’ai connu aussi) et de montrer que tu n’es pas une victime. Car malgré ton passé, tu es bien plus que ça. Crois-le sincèrement. :)

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    1. Bonjour ^^
      J'apprécie également la solitude. Je l'apprécie tellement que j'ai eu du mal à vivre en couple, et que j'ai du mal à voir mes amis. Je les voir, mais je ne suis jamais aussî à l'aise que quand je suis seule chez moi, dans mon cocon.
      Aaaah les boutons, c'est une plaie. J'en ai beaucoup en ce moment d'ailleurs, j'ai une peau assez fragiles et le stress n'aide pas trop. Vive le fond de teint !! Lol
      Il est tout à fait normal de vouloir se créer une carapace. J'en ai une aussî, mais elle ne fonctionne pas franchement bien. Elle me protège des gens qui me veulent du bien, et elle ne fonctionne pas franchement sur ceux qui me veulent du mal. Mais c'est tres humain comme réaction, curieusement ^^
      Je suis contente de savoir que tu as su trouver un équilibre.
      Moi j'ai de bonnes amies qui me connaissent, et qui respectent mes envies de solitude, et qui sont la aussî pour me ramener vers la vie sociale ^^
      J'ai des périodes où tout va vraiment bien. Mais en fait, c'est la vie au final, la vie c'est fait de bons et de mauvais moments !
      Sincèrement, merci pour ton commentaire, pour ton témoignage aussi. <3

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  6. Ma choupette...
    Je suis bouleversée. J'ai vécu cela aussi mais à un autre degré. Quel courage tu as eu d'en parler, je n'aurais jamais pu et je ne le ferai pas d'ailleurs (sans doute, un jour, quand je serai prête).
    Je te fais plein d'énormes bisous, et tu sais que tu peux compter sur moi, ma best friend! <3

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    1. Oooooh ma petite choupinette coccinelle titounette <3 <3 tu es une si belle rencontre pour moi <3
      Non ca n'a pas été facile, et j'ai quelques effets physiques d'ailleurs depuis ce matin. Mais j'ai fais ce que je croyais être bien pour moi, et je pense que j'ai vraiment bien fais.
      Demain, j'ai mon club de lecture et j'ai l'anniversaire d'une amie le soir, je pense que ca va me faire du bien de sortir de ma tanière ^^
      Il faut aller de l'avant, avancer, même si on trébuche ^^
      Plein plein de gros bisous just for you <3

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  7. Ton article bouleversant m'a brisé le coeur... C'est terrible de vivre de telles choses quand on est une petite fille puis une jeune fille. Gros bisous Arca <3

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  8. Hello, j'ai écrit moi aussi un article en septembre ou en octobre dernier, je crois, tu peux le retrouver sur mon blog mais ce n'est peut être pas top de remuer de mauvais souvenirs. Je trouve qu'on ne trouve pas assez de ce sujet, c'est tellement sournois et parfois subtil que c'est difficile à détecter. Et ça laisse tant de traces aux victimes... c'est loin d'être évident de s'en remettre mais je suis convaincue que tu es une belle personne, il ne faut pas en douter. Et puis surtout, tu n'es pas seule <3 N'hésite pas si besoin, je t'envoie plein de bisous !

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  9. Très bon article ! Comme toi, j'ai été victime (j'ai dû mal à dire ce mot ...) de harcèlement au collège. Je trainais avec des filles qui ne m'apportaient pas grand chose voire qui se moquaient de moi pour se valoiriser, mais je ne voulais pas être seule et il y avait les moqueries des garçons. Aujourd'hui, je ne subis plus du tout de moqueries ou harcèlement mais c'est toujours là. J'espère qu'écrire cet article t'a fait du bien. :)

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