samedi 28 avril 2012

L'autre moitié de moi-même

Je remercie les Editions Bayard pour ce Service Presse surtout que j'ai pu rencontrer Anne-Laure Bondoux durant la conférence sur la Littérature Jeunesse à la Médiathèque de Montpellier.


L'auteur : Anne-Laure Bondoux est une écrivain française qui a déjà publié plusieurs romans Jeunesse.
Le livre : Editions Bayard ; 2011
Genre : Autobiographie


Présentation de l’Éditeur : « Je m’appelle Anne-Laure Bondoux. J’ai trente-neuf ans. J’ai deux enfants : une fille de dix-huit ans, un garçon de quinze.J’habite en banlieue parisienne. Je suis écrivain. Quoi d’autre ? (…)
Mon dernier roman est paru en 2009. Depuis, je n’arrive plus à écrire. Et je n’ai jamais connu ça auparavant.
Quoi d’autre ? » Alors qu’elle traversait une période particulièrement difficile de sa vie, Anne-Laure Bondoux qui rentrait de chez une amie en voiture, a reçu un choc : « J’avais percuté un enfant invisible, un gosse sorti de nulle part, dont la silhouette restait imprimée sur ma rétine. Un enfant qui n’existait pour personne, sauf pour moi. Incapable de dissocier le réel du cauchemar, je me répétais : “Si j’ai tué cet enfant, je mourrai”. » Partant de cet événement troublant, l’écrivain s’interroge sur elle-même, sur son enfance, sur sa vie, et cherche à retrouver l’inspiration qui lui fait cruellement défaut. Elle qui pensait avoir une vie sans histoires, lisse, sans grand intérêt, redécouvre son histoire. Au fil des digressions, elle en arrive à raconter un secret de famille, dont le voile noir planait au-dessus d’elle depuis toujours.


Mon avis :


Il faut savoir qu'habituellement, je ne suis pas du tout attirée par les Autobiographies et je n'étais donc pas forcément très motivée pour lire ce livre. Je me suis vite rendue compte de ma méprise.
On commence la lecture par un mot de l'auteur qui dit se mettre à nue et cela m'a énormément touché, car moi aussi j'ai songé et espéré que coucher mes souvenirs sur papier pourrait peut-être enfin m'apporter la paix.
On entre complètement dans la vie d'Anne-Laure Bondoux et de sa famille, on se sent invité, désiré, on en fait limite partie.
Je me suis vite rendue compte que cette famille, bien qu'aux allures accueillantes et charmantes, cachait quelque chose. Mon ventre commençait à se tordre au fur et à mesure car les secrets de famille, les secrets de polichinelle, je connais.
J'accompagne donc Anne-Laure Bondoux dans ses questionnements mais je sais que lorsque l'on désire découvrir ce qui est caché dans les recoins les plus sombres d'une famille en apparence unie, c'est comme ouvrir la boite de Pandore. On n'en revient jamais réellement intact.
Plus ma lecture avançait et plus je dormais mal, des cauchemars hantaient mes nuits. Un flot de sensations diverses m'emportaient et, tandis que l'auteur repense à ses jeunes années, je replonge dans les miennes.
On suit également Anne-Laure Bondoux dans le choc de son divorce. Apprendre à vivre avec soi-même est une des choses les plus difficiles au monde. Il faut accepter ses faiblesses.
Après des années de vie commune, se retrouver seule sans jamais avoir vécu en solitaire doit être insupportable et je ressens une profonde empathie pour l'auteur. Evidemment, je ne connaîtrais jamais ce cas de figure puisque je vis seule depuis déjà très longtemps.
Anne-Laure Bondoux partage également son incapacité d'écrire des romans, et ce pendant une longue période. J'écris beaucoup moi aussi, ou plutôt j'écrivais. Cette peur que l'auteur a de ne peut-être plus jamais pouvoir écrire comme autrefois, je la possède également. Parce qu'on a perdu la flamme, parce qu'on se met une trop grosse pression sur nos épaules.
J'ai été touchée par toutes les citations qu'elle a glissé dans le texte ou au début des chapitres pour étayer son récit.
J'ai eu l'impression qu'Anne-Laure Bondoux avait complètement compris ce que je ressens chaque jour. La peur, les fantômes du passé, ce poids sur ma tête, mon coeur... La peur d'être écartée, rejetée...
Je n'avais pleuré pour aucun livre jusqu'à présent. J'avais déjà été très émue, bouleversée. Pourtant, en lisant ce roman, mes yeux se sont brouillés à plusieurs reprise parce que les émotions étaient trop fortes. Il y a en Anne-Laure Bondoux, tout comme en moi, une petite fille qui hurle et qui a peur du noir. Nous sommes au fond du puits, et personne n'a jamais réussit à nous en sortir.
Enfin, l'auteur nous offre quelques souvenirs sous forme de photos, lettres, poèmes, à la fin du roman. C'est un beau cadeau qu'elle nous fait et on a l'impression de revoir ses propres souvenirs.


Mes moments préférés / Importants (Spoilers) :


- Cette vision de ses parents avec un masque cachant une espèce de difformité m'a beaucoup travaillé.
- J'ai eu un coup de coeur pour le poème d'Anne Sylvestre "L'enfant qui pleure au fond du puits" et qui a bien faillit me faire pleurer, lui aussi.


Citations :


" Vous pouvez toujours planter des cocotiers, faire souffler les alizés sucrés, vous pouvez marcher dans le sable fin, nager dans l'eau turquoise, vous pouvez toujours rêver de vous planquer au bout du monde, où que vous soyez, la peur viendra toujours vous dénicher. Parce qu'elle est en vous. A l'intérieur."


"Et moi, j'ai beau sourire et faire la fière, je trimballe le sombre corridor de mon enfance, l'endroit tout noir où dort le boa constrictor. Je trimballe toujours mes fantômes..."


"Mes blessures sont à vif. Ce sont toujours les mêmes qui se rouvrent et qui saignent : la peur, l'horrible peur d'être écartée, rejetée, abandonnée, délaissée, rendue à moi-même. Au néant."


"Je suis devenue écrivain comme on devient explorateur, ou archéologue. Je suis devenue écrivain pour plonger dans les abysses, à la recherche de ce qui n'a pas de nom. Je suis devenue écrivain pour nommer les fantômes."


"Mais ce soir-là, enfermée dans ma chambre, je n'ai plus la force de résister. Je bascule dans un gouffre noir. Je fais une chute vertigineuse vers le fond, à l'intérieur de moi-même, là où gisent les choses oubliées. A l’endroit exact de mes peurs. C'est un naufrage."


"Car, bien sûr, l'enfer est là, où voulez-vous qu'il soit ? A l'intérieur de ces boites. A l'intérieur de moi."


"Je ferais mieux de sécher mes larmes pour
regarder les étoiles
car où que j'aille
elles seront toujours là
N'est-ce pas ?"


"Des excuses, toujours des excuses. C'est fou ce qu'on est aveugle lorsqu'on a peur."


Note :
10/10


Un livre sincère, à coeur ouvert, sans fioritures, qui m'a touché psychologiquement parlant bien plus que je ne l'aurais imaginée. Je vais avoir besoin d'un peu de temps pour me remettre de ma lecture. Merci à l'auteur d'avoir su trouver les mots pour décrire certaines douleurs inexpliquées.

6 commentaires:

  1. Et bien, voilà un avis très touchant, qui, j'ai l'impression reflète très bien le peu que je sais de ce roman. Je dois avouer craindre un peu les lectures de ce genre, car j'ai tendance par être très touchées par celles-ci... A voir, donc, mais tu m'as énormément intriguée (pour changer, ai-je envie de dire :D).

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    1. Merci beaucoup ^^ Je t'avoue que je vais moi aussi craindre les lectures de ce genre-là maintenant, vu la réaction qui a été la mienne après avoir lu celle-ci. Mais peut-être est-ce aussi parce que je suis fatiguée et un peu plus fragile en ce moment. Dans tous les cas, c'est une très très belle lecture :)

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  2. J'ai aussi adoré ce livre! Cependant je ne suis pas aussi touché que toi pour les raisons qu'on connait toutes les deux! As tu des questions a poser a l'auteur? Biz

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    1. Je n'ai pas vraiment de questions, je voulais juste lui dire à quel point son livre m'avait touché :)
      Sinon, as-tu lu mon message sur facebook ? Bisous

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  3. Le fait que tu dises ne pas aimer spécialement les autobiographies, mais que cela ne t'a pas empêché d'apprécier ce livre, m'intrigue, car je suis assez difficile là-dessus aussi. ^^ Si c'est sans fioritures, ça ne peut que me plaire, je n'aime pas les récits geignards. :) Si j'ai l'occasion de mettre la main dessus, je penserai à toi. ^^

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    1. Ouai moi non plus c'est pas mon truc les trucs geignards mais là c'était... Fort !! ^^

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