dimanche 19 février 2012

La joueuse de Go


Livre lu dans le cadre de la rencontre du club de lecture Lire @ Montpellier du 28 février.


L’auteur : Shan Sa est une auteur française d’origine chinoise
Le Roman : Editions Folio ; 2003 ; 92 chapitres
Genre : Contemporaine

Présentation de l’Editeur : La Joueuse de go est une fable à double partition. Les courts chapitres tressent puis mêlent les destins croisés du jeune soldat et de la petite joueuse de go. Phrases courtes, verbes tendus vers l'essentiel, les mots aiguisent, tels des traits de calligraphie, leur portrait. Leur culture, l'histoire de leur pays, leur enfance, leurs amours, tout les sépare, à l'exception de leur détermination face au damier carré et aux pions de bois. Le go révèle leurs âmes au-delà de la ferveur impérialiste du jeune Japonais et de l'enthousiasme résistant de la joueuse mandchoue. Mais l'amour sait-il se contenter de la tranquille plaine de l'âme ? Peut-on laisser de côté sa nationalité alors qu'autour des joueurs la torture et la haine font rage dans la Mandchourie occupée ?

Mon avis sur l’histoire :

Il faut savoir qu’au début, je n’avais pas franchement envie de lire ce livre et ce, malgré les vives encouragements de ma copine Joyce qui l’avait adoré. Justement, c’est en m’attendant à être déçue que j’ai été aussi emballée de me rendre compte que je tournais parfois les pages avec fébrilités tant j’ai aimé !
J’ai eu un peu de mal, évidemment, à cause des noms asiatiques et je ne connais pas vraiment l’histoire de la Chine, du Japon, de la Mandchourie… Bref, j’étais un peu perdue. Ce livre fut pour moi donc un petit cours d’histoire, ce qui n’est pas pour me déplaire !
J’ai été tout de suite touchée par les détails sur la dure loi de la guerre, les tortures (« Il ne faut jamais tomber vivant aux mains de l’ennemi. » Après avoir lu certaines explications, je comprends mieux pourquoi, moi aussi !). Ces passages là sont décrits brutalement, sans fioritures. Et je pense que c’était un choix sage de la part de l’auteur de ne pas y aller par quatre chemins.
Par contre, je ne pense pas avoir compris certains passages du livre, par exemple celui où la joueuse de Go est très énervée contre son cousin, Lu, à cause d’une lettre.
La découverte du désir, des relations avec le sexe opposé est traité, avec La joueuse, Ming et Jing. J’ai trouvé que les ressentis étaient très bien décris. C’est un livre sur l’amour, sous toutes ses formes, sous tous ses vices ou ses délices.
Bizarrement, les scènes entre les deux personnages principaux sont celles qui m’ont le moins plu… Sauf la dernière, pour laquelle on ne peut décemment pas être insensible !
J’ai aimé la façon dont on apprend le prénom de la joueuse de Go, à la fin. C’est une fin au comble du romantisme, un Roméo et Juliette asiatique.

Mon avis sur les personnages :

Le soldat japonais est très intéressant car on a l’opinion d’un personnage complètement endoctriné par son pays, par l’armée. Certaines sensations qu’il décrit sont très fortes, très dures psychologiquement parlant. J’ai adoré qu’il ait eu pitié de Lumière, qu’il ne l’ait pas dépucelé parce qu’il l’aimait trop pour lui faire du mal.
La joueuse de Go est un personnage pour lequel je me suis sentie parfois très proche, mais d’autres fois pas du tout. Quand elle est dure ou froide avec son entourage, par exemple avec son amie, Huong, en lui citant tous les malheurs qui pourraient lui arriver si elle laisse son père décider pour son mariage. Mais malgré tout, la joueuse propose de l’aider, au risque de se mettre en danger elle-même.
On pourrait croire parfois qu’elle ne ressent rien, mais je suppose que c’est une façade, une protection.
Les femmes acceptent bravement l’infidélité de leurs maris, comme la sœur de la joueuse de Go. La joueuse en a d’ailleurs bien conscience et ne le supporte pas. « Mais qui mérite ce beau nom de femme ? ». La joueuse veut être libre de faire ses propres choix, d’agir comme elle l’entend sans ne rien devoir à personne.
Perle de lune, la sœur de la joueuse de Go, est le personnage auquel je me suis le plus identifiée. Elle a une vision de l’amour totalement en accord avec la mienne. Elle s’est mariée par amour et en souffre car les hommes sont tellement inconstants…
Jing et Ming sont deux personnes indissociables pour la joueuse de Go. Amour physique avec l’un, platonique avec l’autre. Elle a besoin des deux pour les aimer.

Mon avis sur le style de l’auteur : 


L’auteur a une écriture tantôt imagée, tantôt douce, tantôt directe. Parfois même brutale, selon les circonstances. Elle fait des choix judicieux et ce fut un plaisir pour moi de lire certains passages qui m’ont touché par la mélodie des mots et leur beauté, leur véracité.

Passages préférés / importants (spoilers) :

- Quand Perle de lune explique à sa sœur sa vision de l’amour.
- Quand La joueuse rit au nez de Jing, qui lui propose un jour de l’épouser puisqu’il la déflorer. Elle ne veut pas dépendre d’un homme.
- Le dernier baiser de Jing et son amie d’enfance.
- Le dernier chapitre.

Citations :

« Les femmes de joie ont la fraicheur furtive, semblable à la rosée du matin. Désabusées, elles sont les âmes sœurs des militaires. La fadeur de leur sentiment rassure nos cœurs fragiles. Issues de la misère, elles ont l’angoisse du bonheur. Damnées, elles n’osent songer à l’éternité. Elles s’attachent à nous comme des naufragés aux bois flottants. Il y a dans nos étreintes une pureté religieuse. » 

« Notre histoire touche-t-elle à sa fin et l’amour n’existe-il que dans la solitude de mon imagination ? »


« La légende raconte qu’aux enfers, un des supplices favoris des diables consiste à scier les damnés en deux : L’imagination populaire puise probablement sa source dans la première rencontre entre un homme et une femme. »


« Après le beau temps, c’est la tempête. Brusquement les amants plongent dans l’obscurité. Ils y avancent à tâtons, en rampant. Ils vieillissent. Tu verras, Petite Sœur. Quand tu seras aimée et que tu aimeras, tu découvriras la souffrance de vivre sur un gril chauffé à blanc. Tu ne seras plus sûre de rien. »

Note :
7,5/10 



Une histoire pour laquelle, à mes yeux, on ne peut pas être insensible. Une poésie dans les mots et des personnages intéressants. La violence de la guerre bien présente mais qui ne peut pas empêcher certains amours de fleurir et d’autres, de dépérir… Certains sentiments amoureux sont décrits avec authenticité, et ces passages-là m’ont plus touchée que tout le reste.

7 commentaires:

  1. Contente que cette lecture n'a pas été le désastre auquel tu t'attendais! Pour les scènes entre le soldat et la joueuse sur la place des Mille Vents, on en discutera durant la rencontre mais je pense que ce sont des moments très forts du livre. Le jeu de go qui consiste à encercler son adversaire pour l'étouffer, devient une métaphore de l'amour, la joueuse et le soldat essaient de se cerner au fil de leur partie qui n'en finit pas et ne pourras jamais finir. Ces deux forces concurrentes s'affrontent et s'équilibrent, c'est ce qui donne de la profondeur à cette relation. Je pense honnêtement qu'on pourrait en parler pendant des heures. Ceci dit, cet ouvrage de Shan Sa est pour moi un coup de maître : j'ai cherché à lire d'autres textes de l'auteure qui m'ont tous déçue par la suite...

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    1. Ah oui d'accord j'avais pas DU TOUT vu ça pendant les scènes où ils jouaient ensemble, mdr. C'est ça qui est bien avec toi Joyce, quand je lis un même livre que toi, j'ai une autre interprétation et j'adore :)
      C'est loin d'être un désastre, j'ai adoré cette histoire ^^

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  2. Merci de ta participation au concours sur mon blog.
    Les résultats sont en ligne.
    Je n'avais jamais entendu parler de ce livre, mais ton article est très intéressant et donne envie de le découvrir

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    1. Merci d'être venue lire ma chronique ^^ Je viens d'aller voir les résultats sur ton blog ! Je vois qu'il y a une énième sortie du Roi Lion. J'adore mais la 3D, très peu pour moi ! Sinon, félicitations aux gagnants de ton concours, c'était une belle idée :) A très bientôt ^^

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  3. J'avais bien aimé.Je l'ai ça fait deux ans.

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  4. J'avais été déçue par ce livre. Certains passages étaient très bien mais ça m'a laissée de marbre et contrairement à toi, je n'ai pas aimé la fin.

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  5. La fin m'a surprise, mais j'aurais été déçue par une fin heureuse. En fait, je n'avais aucune idée de comment cela pouvait se finir, mal dans tous les cas !

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